Telle une statue de glace

Le changement engendre le changement. Il se nourrit de l’espoir, des rêves et des illusions. Et ces chimères se déversent en cette âme qui est la mienne, englobant mon être. Je suis en réalité entièrement faite d’espérance. Je me souviens d’une époque où la torpeur était mon fardeau, où l’inaction était mon quotidien. Je refusais d’aller de l’avant, de connaître quelque chose de nouveau.

Car les hommes sont élevés dans l’attente de l’échec, on ne cesse de les rassurer par rapport à leur propre médiocrité. Ils grandissent en sachant que l’échec n’est pas une fin, mais plutôt la possibilité d’un départ nouveau. Quant à la réussite… On ne nous a jamais appris à la gérer, on ne sait rien d’elle. Et la plus grande peur de l’homme c’est la différence, il craint ce qu’il ignore, il repousse ce qu’il ne connaît pas. Il est donc normal de repousser la réussite. De la rejeter violemment et strictement, comme le plus horrible des cancrelats.

Je me rappelle de ces jours ou je sapais moi-même les fondations de mon propre univers. Un univers inanimé, fait de souvenirs, un monde  figé dans le passé et dans la déchéance. Il n’y avait pas de place pour avancer, pour changer en cet endroit. Ô combien ai-je pu chérir cette auto-destruction, ô combien ai-je été talentueuse pour m’empêcher de réussir. Mais je vois ces jours s’effacer alors que je crée mon propre chemin, moins tortueux cette fois, fait de moins de souffrance, de moins de solitude. Il m’est aujourd’hui donné un avenir, peut-être pas celui auquel j’aspirais, ce n’est plus ce chemin escarpé censé me mener vers la grandeur. Non…

Mais c’est un avenir qui me promet ce à quoi j’aspire depuis toujours. Ce qui m’a été enlevé, ce qui m’a été arraché avec tant de force. Et alors que je trace ma propre voie, alors que je vois enfin s’apaiser certaines de mes souffrances, je sais qu’il serait si facile de tout détruire une nouvelle fois. Il serait si simple de me laisser bercer une nouvelle fois par la facilité… Laisser aller le courant de la vie, ne pas lutter contre le flot qui m’emporte au loin des rivages fleuris, et voir pour une ultime fois l’échec ravir attentes, espoirs et autres rêves irréels. Qu’il serait bon de retourner à cet état de catharsis passionnelle. Ne plus sans cesse avoir peur d’échouer, ne plus être confronté à son insuffisance, à cette pauvreté d’esprit.

Et alors que j’y pense, je lutte. Je repousse l’idée de sombrer à nouveau.

Car je suis ce que j’étais, tout en cherchant qui je serais. Telle une statue de glace.

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Ish Please
Salut, je m'appelle Manon. Et si vous lisez ça il y a de grandes chances que vous me connaissiez déjà. J'écris un blog sans prétentions, et sans aucune ambition ; simplement pour déposer quelques pensées, écrits et souvenirs qui resteront ici à l'abri du temps et de l'oubli.